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Des agriculteurs de la Coordination rurale ont mené une action autour de la place de l’Etoile à Paris, plus de 60 arrestations

Des agriculteurs membres de la Coordination rurale (CR) ont tenté de bloquer la place de l’Etoile, en haut des Champs-Elysées, à Paris, vendredi 1er mars au matin, avec des bottes de paille et des tracteurs autour de l’Arc de triomphe, alors que le Salon de l’agriculture se termine ce week-end. La manifestation a pris fin vers 9 h 40. Brièvement interrompue, la circulation a repris sur la célèbre avenue. Un convoi de tracteurs a pris la route du château de Versailles, où une vingtaine de tracteurs sont arrivés vers midi, escortés par la police.
Axel Masson, éleveur dans le Loir-et-Cher, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) qu’ils étaient une centaine rassemblés dès 4 heures « dans le calme et dans le respect ». Une source policière a confirmé que les agriculteurs étaient arrivés en véhicules légers et en pick-up vers 4 heures et que des ballots de paille transportés par des petits utilitaires avaient été déposés sur la chaussée. Huit tracteurs étaient arrivés vers 6 heures, a-t-elle ajouté.
Soixante-six interpellations ont eu lieu, a fait savoir en milieu de matinée la Préfecture de police. Parmi elles, Patrick Legras, l’une des figures de la Coordination rurale (CR), confirme le syndicat. D’autres actions avaient lieu ailleurs à Paris : quatre tracteurs bloquaient la sortie du périphérique porte d’Ivry, d’autres se positionnaient au niveau de la sortie de l’A4 à Charenton, selon la police.
« On ne lâchera rien », a affirmé la présidente de la CR, Véronique Le Floc’h, à l’AFP. « On ne peut pas dire qu’on va aider les agriculteurs et en même temps signer des accords de libre-échange », a-t-elle ajouté, en référence à des accords commerciaux approuvés la veille par le Parlement européen avec le Chili et le Kenya.
Les militants de la CR étaient « en route pour le château de Versailles quand ils ont décidé de faire un crochet par l’Arc de triomphe. Ce n’était pas prévu, c’était une initiative des militants » dans le feu de l’action, a précisé Mme Le Floc’h. L’action est toutefois pleinement assumée, la CR ayant rapidement écrit sur le réseau social X : « La Coordination rurale prend symboliquement et pacifiquement l’Etoile » et demande « des actes rapidement pour sauver nos 45 % d’exploitations en détresse financière ». « On continue le mouvement parce qu’on n’est pas entendus, on n’a rien de structurel », dit l’un des manifestants, Nicolas Bongay, 40 ans, président de la CR du Doubs.
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« Tout le monde doit respecter la loi et une manifestation qui n’est pas déclarée est donc une manifestation illégale », a rappelé la ministre déléguée à l’agriculture et à la souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, sur Sud Radio. Mais « cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas écouter la colère des agriculteurs et c’est ce que nous faisons en prenant des mesures très concrètes, des mesures d’urgence », a-t-elle déclaré, affirmant qu’« aujourd’hui l’argent descend dans les cours de ferme ».
« Trop tirer sur la corde peut être contre-productif », a commenté le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, en visite au Salon de l’agriculture, en prenant soin de souligner que l’action était du « fait d’un syndicat minoritaire ».
A la fin du Salon, « dimanche soir, tout ne sera pas réglé et tout le monde le sait d’ailleurs », a déclaré le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, sur France Bleu Occitanie.
L’action de ce matin s’est déroulée dans un endroit hautement symbolique : la place de l’Etoile a été un lieu de rassemblement et le théâtre de violences lors de la crise des « gilets jaunes », en 2018. Elle a été menée à la veille du week-end de clôture du Salon de l’agriculture, dont l’ouverture samedi dernier par Emmanuel Macron avait été très chahutée.
A la pointe de la mobilisation, aux côtés de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), les Jeunes Agriculteurs n’envisagent pas, à ce stade, de nouvelle mobilisation dans la rue. « Nous n’avons jamais rompu le dialogue, il faut continuer à travailler », a déclaré à l’AFP leur président, Arnaud Gaillot.
Alors que la Coordination rurale, deuxième syndicat de la profession, né en 1991 d’une scission avec la FNSEA, multiplie les accusations de « cogestion » désastreuse à son encontre, M. Gaillot déplore « un populisme sans solution ». « Remettre en cause le dialogue des syndicats majoritaires avec le gouvernement, c’est un déni de démocratie », affirme-t-il.
De son côté, la Confédération paysanne, troisième syndicat, classé à gauche, ne prévoit « pas de mobilisation dans les jours à venir », mais n’appelle pas non plus à la démobilisation, a déclaré à l’AFP Stéphane Galais, un de ses secrétaires nationaux.
La FNSEA ne prévoit pas de nouvelles manifestations au niveau national pour le moment. Des actions locales sont toutefois possibles, par exemple pour « remettre un peu de pression » sur le prix du lait. « S’il faut repartir sur des actions syndicales parce que ça bloque, on le fera. Mais je pense que notre objectif, ce n’est pas de faire de l’action syndicale pour faire de l’action syndicale, pour être visible », a déclaré le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie.
Les mesures et gestes d’apaisement consentis par le gouvernement n’ont pas suffi à faire taire les revendications des agriculteurs, qui ne désarment pas. Samedi, lors de l’inauguration de la « plus grande ferme de France », le président de la République, Emmanuel Macron, pointait ceux qui avaient chahuté sa visite, dont bon nombre étaient coiffés du bonnet jaune caractéristique du syndicat.
Face à la colère agricole, vive depuis plusieurs semaines, l’exécutif s’efforce de répondre aux agriculteurs qui manifestent pour obtenir un meilleur revenu et moins de contraintes administratives et environnementales, au prix de concessions sur les pesticides, notamment.
Emmanuel Macron s’est notamment prononcé pour des prix planchers afin de garantir de meilleurs revenus, mais cette idée est loin de faire l’unanimité dans le monde agricole. De leur côté, les banques ont promis des gestes afin de desserrer l’étau financier pour les exploitations les plus fragiles. « Pour l’instant il n’y a pas de résultat pour l’avenir. Le Salon s’est assez bien passé, mais si ça continue comme ça, la colère ne va pas s’arrêter », prévient M. Convers.
Le Monde avec AFP
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